Des baskets blanches aux pieds, un sac à dos sur l'épaule et l'envie sincère de porter les questions de la précarité de la jeunesse et de la lutte contre le changement climatique.
À 29 ans, la plus jeune sénatrice de France nous accueille dans une petite salle, tout en haut d'un escalier en colimaçon. Car pour obtenir un bureau à elle au Sénat, il faudra encore attendre un peu. L’attribution des locaux pour les nouveaux élus peut prendre quelques semaines, comme le confirme Guillaume Gontard, sénateur écologiste de l’Isère et président du groupe GEST, Groupe Ecologiste Solidarité et Territoires dans lequel siège Mathilde Ollivier. En attendant d’obtenir un espace de travail pour elle, la jeune sénatrice se débrouille:
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"Je travaille d'une salle à l'autre, d'un canapé à une table. Donc là, on est dans une petite salle que j'ai réservée pour qu'on soit sûr d'avoir un peu de calme. Et on a quand même une belle vue sur le jardin du Luxembourg d'ici."
L’âge moyen des sénateurs est aujourd’hui à 59 ans et 11 mois
"J’ai fait baisser l'âge moyen au Sénat. Il est passé sous la barre des 60 ans. On est maintenant à 59 ans et 11 mois, plus que 30 ans d'écart de mon côté. Et puis c'est rigolo de croiser hier à la buvette un sénateur qui m'aborde et qui me dit 'Oui, vous pourriez être ma petite fille, et puis c'est intéressant, nouveau en tout cas, que de voir des jeunes femmes dans cette buvette'."
Élue sénatrice des Françaises et des Français établis hors de France, elle siège dans deux commissions: la commission de la culture, de l’éducation et de la communication et la commission des affaires européennes. C’est elle aussi qui représente le groupe écologiste dans la commission spéciale chargée d'examiner le projet de loi visant à sécuriser et à réguler l'espace numérique.
On passe de 35% à 36% de femmes au Sénat
Mathilde Ollivier habite à Vienne depuis plus de quatre ans. Élue dans une circonscription qui regroupe plusieurs pays, notamment la Slovaquie, au cœur de l’Europe centrale. Originaire de Rennes, elle quitte la Bretagne à 18 ans pour poursuivre des études de sciences politiques: un double cursus franco-allemand, entre Lille et Münster, en Allemagne. Cela fait maintenant dix ans, "un tiers de ma vie", selon ses mots, qu’elle vit hors de France.
Son arrivée au Sénat contribue à rajeunir un peu l’hémicycle et à faire entrer aussi davantage de femmes au palais du Luxembourg. "C’est le résultat d’une volonté politique", souligne Guillaume Gontard, président du groupe écologiste qui souhaite atteindre une parité dans le groupe qui est passé de 12 à 17 élues et élus depuis la dernière élection. Mathilde Ollivier précise que sur les 348 sénateurs depuis le dernier scrutin, le 24 septembre 2023 qui a permis de renouveler 170 sièges,"On passe de 35 à 36% de femmes, donc voilà, on a encore un peu de boulot en termes de parité."
Interpeler "les décideurs" pour agir en urgence contre le changement climatique
Quatre jours plus tôt, ce lundi, elle participait au vote pour l'élection du président du Sénat. En tant que benjamine de l’hémicycle, elle était chargée de mettre les bulletins dans l’urne, un par un.
"Gérard Larcher a fait un discours dans lequel il a notamment parlé de l'inquiétude de la jeunesse face au changement climatique. Et moi, le message que j'ai envie de faire passer, c'est que ce n'est pas seulement une question d'inquiétude. Sur la planète, il y a 3,5 milliards de personnes qui sont vulnérables au changement climatique. Cet été, on a été face à des dérèglements climatiques sans précédent partout dans le monde et on a besoin que nos décideurs politiques prennent la mesure de la situation aujourd'hui et agissent."
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Donner à la jeunesse l’envie de s’engager
"Il y a plein de combats à mener dans notre société actuellement. Et le Sénat, en portant cette voix de la jeunesse, ça montre aussi que nos institutions sont là pour tout le monde, qu'on peut toutes et tous y participer. En fait, pour moi, ce qui est important, c'est de permettre et de montrer à la jeunesse que c'est possible de s'engager."
Salle des Conférences au Sénat, nous croisons plusieurs symboles de l’histoire du palais du Luxembourg et de la République. Sous nos yeux, une dizaine de bustes de femmes, des bustes de Mariannes.
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"On a des Mariannes modernes, des Mariannes plus anciennes. C'est essentiel, en fait, à partir du moment où je pense qu'on est quand même dans une crise démocratique aujourd'hui et pour que les gens s'identifient aussi à leur représentation démocratique, il faut que celle-ci soit diverse."
Un premier texte pour créer une allocation étudiante pour les 18-25 ans
Antoinette Guhl est sénatrice écologiste de Paris. Elle travaille avec Mathilde Ollivier à la rédaction d’une proposition de loi en direction de la jeunesse étudiante.
"Nous sommes très attachés à la jeunesse dans ce groupe écologiste et donc avoir parmi nous la benjamine du Sénat, c’est un grand honneur […] Nous allons proposer effectivement un revenu étudiant universel qui va permettre, s'il est voté, aux 18-25 ans qui font des études de pouvoir se consacrer à leurs études et ne pas avoir à se soucier des contingences matérielles et donc de ne pas avoir à doubler leur vie étudiante par une vie professionnelle."
Mathilde Olivier espère présenter sa première proposition de loi dans les prochaines semaines au Sénat.
